samedi 5 mars 2011

Poussée de sève

De la décomposition millénaire des roches dans l'eau vient l'argile, puis de cette pourriture ancestrale, à laquelle s'ajoutent les apports séculaires de la matière organique, vivants produisant des déchets et le devenant eux-mêmes, à notre petite échelle saisonnière, une racine trouve les moyens de tirer des feuilles, et des fleurs ; on en prend avec soi, et dans une rencontre, le monde se redéploie, dans le creux d'une main, sur un sourire. C'est toute la systole et la diastole de l'univers, qui se contracte dans quelques pétales.
De petites surfaces de terre sont couvertes d'un pourpre vif, et des cœurs d'or sombre propulsent une odeur surnaturelle. Les premiers crocus offrent leur pistils oranges au soleil, pour se fermer aussitôt celui-ci disparu, ou simplement voilé. Les tulipes ont tissé leur feuille protectrice, où se forme déjà un puissant bouton. Les jonquilles s'apprêtent à exploser, les jacinthes sont en puissance, les iris bien gras ; le pied de consoude se verdit doucement.

Merci à toutes ces fleurs, et au poète pillé pour ces lignes.