jeudi 27 octobre 2011

Reprise des activités

Le club a repris à la mi-octobre avec son effectif habituel de 5-6 personnes (anciennes et nouvelles, mais notre nombre, quoique réduit, est d'une stabilité remarquable)...
Nous avons commencé par amender la terre avec du compost, et la semaine suivante, une fois la terre bien nourrie, nous avons planté des bulbes de fleurs (jacinthes et narcisses) et trois rangées d'épinards : 
Les cailloux toujours aussi nombreux dans la terre ont été utilisés pour délimiter l'emplacement des fleurs, qui entoureront au printemps notre carré... nous avons conservé trois patates et un pied de persil qui avaient survécu. Les graines de haricots ont été mises en boîte pour l'année prochaine, car il n'y en avait pas encore assez pour faire un chili con carne...
La semaine suivante - c'est à dire hier après-midi, sous un soleil radieux et inespéré encore une fois, nous nous sommes occupées (cette fois-ci nous n'étions que des filles) de la suite de ce rectangle : récolte des choux vietnamiens, repérage de la place où étaient nos anciens bulbes, et nouveaux semis d'épinards, de radis (sait-on jamais), de cerfeuil et de persil: 
Vue depuis le sud, cette fois; nous avons gardé deux choux pour faire des graines, et mis une planche pour délimiter l'espace des bulbes qui fleuriront au printemps (ils sont hors de la photo). Les haricots se trouvent encore au milieu des fleurs, car ils n'ont pas complètement fini de donner - ils pourront ensuite laisser place aux crocus, tulipes, jonquilles, muscaris qui se trouvaient déjà là et qui ont été complétés par d'autres, et aux tout nouveaux iris...
Cette plante vietnamienne et néanmoins mystérieuse (il semblerait que ce soient les feuilles qu'on mange) restera là cet hiver avec un manteau pour la protéger du froid ; juste derrière, on voit l'emplacement des bulbes, et devant, à la place des patates (récolte abondante ! une grosse poignée...), nous avons semé un carré de cerfeuil et un carré de persil. La menthe occupe toujours son espace réservé, et j'espère que le muguet n'a pas disparu dans les changements... 

De l'autre côté, nous ne pouvons rien faire pour l'instant, car les courges couvrent tout le terrain ; elles devraient être mûres en novembre décembre, si j'ai bien compris - en tout cas elles sont déjà bien belles (et bonnes, pour en avoir goûté une par inadvertance il y a un bon mois, en l'ayant confondu avec une courgette ronde...)

Les tomates vertes ont été récoltées, nous verrons bien ce qu'elles donneront en confiture... là encore, nous avons récolté deux bonnes poignées. Les diverses cucurbitacées continuent d'orner le grillage, donc elles resteront tant qu'il y aura de la vie !  Les piments donnent bien, mais personne parmi nous n'a encore trop osé s'y essayer...
Quant à notre ananas vedette, il a été rempoté et mis au chaud pour l'hiver - l'été lui a bien profité, car il a fallu changer son bocal en verre. 
Tout l'espace disponible étant donc occupé, et pour d'autres raisons diverses et variées nous ne reprendrons pas nos activités avant la fin novembre - en espérant que les courges auront fini de mûrir et qu'il fera encore assez beau pour les remplacer par d'autres choses...





vendredi 7 octobre 2011

Cucurbitacées

La pastèque (d'une variété encore à déterminer) court sur tout le grillage, et voici, avec l'aide de Michel Salmeron (auteur de la photo) et de Bruno Blanchard (sur la photo), la récente récolte - si celle qui est bien verte et zébrée est sans conteste mûre, les autres ne le sont peut-être pas (la faute à notre méconnaissance de la plante en question)... mais il en reste encore beaucoup au grillage, si elles veulent bien grossir !
Je me demande si ce ne sont pas des pastèques à confitures - avis aux suggestions d'identification !

jeudi 15 septembre 2011

C'est la rentrée !

En ce début d'année scolaire, la nature a un peu repris ses droits sur le potager : les courges envahissent l'espace et promettent de belles récoltes, les tournesols se courbent sous le poids de leurs fleurs, dont certaines sont déjà sèches et les graines prêtes pour la récolte, le fenouil prépare lui aussi ses graines, et la roquette (bien forte cette année !) remonte, une nouvelle fois, en graines. Les orties qui servaient à protéger le sol s'y sont enracinées, et feront de bonnes soupes ou un bon purin (ce sera au choix !). Les melons d'eau (ou est-ce autre chose ? un genre de concombre en tout cas) ont embelli le grillage et déploient encore leurs fleurs. Le temps est encore au beau fixe et il serait temps de replanter le lin (il n'y a qu'à répandre les graines qui ont séché sur pied) pour qu'il égaie encore le jardin de ses délicates fleurs bleues cet automne.

Du côté des informations pratiques : si vous souhaitez adhérer au club (une seule condition, adhérer au BDE, dont nous dépendons), contactez-nous : julie.damaggioatens-lyon.fr et lan.liatens-lyon.fr. Restées seules après le départ d'Alexan (notre président des deux années précédentes, et l'auteur de la très grande majorité - presque tous, en fait - des posts de cette époque) vers des cieux plus philosophiques et néanmoins lycéens, nous recrutons des jardiniers et jardinières !
Vous pouvez aussi participer en nous donnant votre compost, si vous êtes à la résidence, ou si vous n'avez pas peur du ridicule et de vous promener avec un seau dans les rues de Lyon...

À bientôt au jardin !

dimanche 24 juillet 2011

Excellent été !

Il y a, comme l'on pouvait bien s'y attendre, beaucoup de monde qui trouve que cet été n'y ressemble pas tout à fait. Mais si l'on observe les choses avec distance, on peut se dire que ce temps est merveilleux. D'abord, souvenons-nous que nous avons déjà eu notre été au printemps. Ensuite, que les nappes étaient à 60% de leur niveau normal il y a deux mois. Ensuite, que les ruminants n'avaient plus rien à manger ; on entendrait bien d'autres plaintes si nous n'avions plus de ruminants à manger, à notre tour, faute de foin.

On n'est donc pas mécontent de cette pluie presque quotidienne, souvent assortie d'un soleil délicat. Un des tournesols a déployé sa fleur. Les tomates mûrissent bien malgré tout. Nous n'avons jamais eu autant de fraises. La menthe pousse sans compter. Et nous avons plein de plantes qui s'apprêtent à nous donner les semences pour l'an prochain : salades diverses, blettes, persil...Les haricots pourront bientôt être cueillis.
On a commencé d'étendre un peu de compost, qui est composé d'un bonne part de bois, en provenance de litière de chat. Le résultat est vraiment très satisfaisant. Cela fait un bon terreau, un peu acide, à cause de la composition des litières, qui sont issues de résineux, mais la terre du jardin est assez basique, avec un ph autour de 6. Dans le sol, il faut nourrir deux populations différentes : les vers et les champignons. Les premiers mangent essentiellement les constituants des feuilles, la cellulose, mais à vrai dire ils sont voraces, et le compost en est très riche. Les champignons décomposent la lignine, composant du bois, et recyclent les déchets produits par les vers. On suppose que c'est à la composition de notre compost que nous devons sa bonne fertilité, puisqu'il s'y trouve du bois, des épluchures diverses, et des couches d'herbe (merci aux jardiniers qui nous font profiter de la tonte, mais aussi de ce que produisent les moutons). 
Le résultat, ce sont beaucoup de tomates, des plans qui continuent de courir, et des fleurs qui éclosent un peu partout. Le compost est bien équilibré : trop d'azote donnerait trop de feuilles, et pas assez de fleurs. Avec le purin de consoude qu'on fabrique (merci aux jardiniers qui nous ont donné leur consoude), on apporte du potassium en quantité. 
Enfin, juste à l'instant, on a paillé tout cela avec une bonne couche d'orties, qui évitent notamment que les tomates qui font ployer les branches ne pourrissent au contact immédiat de la terre. Ce qui fait beaucoup de choses entassé au pied des plantes, mais ça vaut le coup ; ça garde notamment une humidité dont on ne manque pour l'instant pas, mais, malheureusement, le soleil de plomb finira bien par revenir.

L'été, pas de vacances pour les plantes.

jeudi 14 juillet 2011

Vers le soleil

Un tournesol gigantesque monte et monte dans notre jardin ; a vue d'oeil, attribuons-lui 2m20. Pour ne rien gâter, le voici qui a décidé qu'une fleur ne lui suffirait pas. Il collectionne donc les boutons sur sa tige.
A gauche, en arrière plan. Son cadet fait ce qu'il peut pour l'attraper, mais en vain. Et sur le grillage, à droite, d'étranges concombres se développent.

dimanche 29 mai 2011

La prolétarisation de l'expérience de la nature

Changeons provisoirement notre formule de rédaction ; le contingent inexistant de lecteurs minimisera à l'extrême les effets de cette révolution provisoire. Cette modification est appelée par un besoin, ou des exigences, de réflexion ; parler de ce qu'on cultive n'intéresse que nous. Parlons un peu nature, ou Nature, ou, encore autrement, de ce qui pullule sous le terme d'écologie.
Dans l'émission Terre à terre du 14 Mars 2011, au cours d'un entretien avec des membres du collectif Faut pas pucer, un éleveur a énoncé une idée profonde. Selon lui, la traçabilité représente une des ces manières qui nous sont proposées de retrouver une forme de contrôle sur des vies qui, généralement, sont de plus en plus soustraites à ceux qui les vivent. On trouve dans la possibilité de choisir ou de savoir comment l'on  s'approvisionne, le résidu de quelque chose comme la possibilité de décider de ce que l'on est, ou, plus précisément, d'entretenir avec le monde un rapport de proximité. Bien sûr, toute l'antourloupe consiste en ceci que l'intégralité des moyens et des formes de cette décision nous est imposée. On veut bien que l'on puisse choisir, mais à condition que l'on ait décidé au préalable de ce dont on pouvait choisir, de faire, de dire, de manger, ou bien d'être. C'est là un des ressorts profonds de la modification de l'existence, le fait que nous ne soyons plus en mesure de décider de "nous réaliser", comme on nous y invite, qu'en passant par les objectifs que l'on nous propose, et qui sont pour ceux-là même qui nous les présentent, le moyen de leur fin.
C'est ce que l'on peut appeler une prolétarisation de l'existence ; nous parlerons ensuite de la prolétarisation de l'expérience. Être prolétaire ne veut pas forcément dire être pauvre. C'est celui qui dépend, pour sa subsistance, de ceux qui possèdent les moyens de la produire. C'est celui qui ne peut que passer par un moyen existant pour faire valoir ceux qu'il possède, pour pouvoir produire ses propres moyens de subsistance. Et, pour nous situer du côté du capitaliste, disons que c'est celui qui peut introduire entre tout processus d'accomplissement une condition, qui rend cet accomplissement indissociable de la réalisation des fins qu'il se propose lui-même. Très simplement : le prolétaire veut vivre, le capitaliste fait en sorte que cela lui soit impossible sans entrer dans le processus d'accroissement du capital. Ce schéma nous semble pouvoir s'appliquer ailleurs : l'individu veut une identité, l'industriel fait en sorte que la réalisation de cette identité soit indissociable du fait de s'habiller avec une certaine marque, ou de manger tel biscuit ou de boire tel café, et donc de consommer le produit qui permet à l'industriel de prospérer.
Or, que se passe-t-il avec la notion d'expérience ? Il se passe que, de plus en plus, il semble que l'on veuille nous faire croire qu'il n'est possible d'avoir d'expérience que parce que des industriels généreux ont décidé de nous la procurer. Des biscuits, des parfums, des gels douches, du café, etc.. Et, venons-en à notre sujet. Disons que c'est la situation dans laquelle nous sommes vis-à-vis de la nature. Il faudrait peut-être se demander pourquoi l'on trouve si bien d'être écologique, alors que nous sommes de plus en plus nombreux à ne plus avoir de rapport à notre écoumène que par le biais des sympathiques aménagements collectifs de verdure qui encadrent notre quotidien. Ce qui arrive aujourd'hui, c'est que de plus en plus de monde semble vouloir se rapprocher de la nature ; ne doutons pas que tout un tas d'ambitieux a déjà tenté de rendre la satisfaction de ce désir indissociable de la réalisation de ses propres fins.
Peut-être est-il bon que tout un chacun ne se laisse pas berner par l'évidence des discours que l'on veut lui présenter. A ce stade particulièrement problématique du conditionnement du comportement, il convient d'être le plus prudent possible sur le sens des concepts qui nous sont proposés, car ces concepts sont des attitudes, dont on est spontanément persuadées qu'elles devraient nous permettre de retrouver un accord avec nous-mêmes, parce qu'on serait plus en accord avec la nature.Mais qui peut nous garantir que nous sommes en accord avec la nature, alors que l'expérience de la nature, nous sommes de moins en moins nombreux à la faire ou à l'avoir ?
On est en train tout doucement de se laisser à la fois diagnostiquer, et prescrire le remède, pour répondre à des symptômes que nous comprenons à peine. Peut-être tout le monde devrait commencer à chercher à savoir un instant s'il ne peut pas être son propre médecin : savoir ce qui ne va pas dans sa propre attitude, la manière dont on vit, et qu'il faudrait changer. Ce n'est pas une chose qu'il faut se laisser dire. La situation objective est catastrophique, mais nous ne devons pas nous laisser dire ce qu'il convient de faire pour aller mieux ; il y a grand chose que le soignant soit intéressé aux remèdes.
Nous ne savons plus exactement comment agir. La langue, celle qui se forge actuellement, a vocation à nous convaincre sans doute possible que nous sommes en train de reconsidérer notre rapport à la nature, et d'une manière positive. Les concepts poussent, justement, comme dans un printemps torride : développement (durable), éco-citoyen, économie d'énergie, bilan carbone, consommation responsable, etc..
La langue s'automatise ; elle devient le langage qui, par opposition à la langue, pense tout seul. Les mots servent à nous procurer la pensée dont nous prive la déperdition constante de l'expérience, déperdition qui ne touche pas seulement la nature, mais bien d'autres choses. On peut dire que, d'une certaine façon, le besoin de se réunir régulièrement à notre jardin constitue une manière de renouer avec une certaine expérience, celle que précisément on essaie de nous faire passer à travers les mots. Mais la préoccupation qui doit être aussi la notre, est celle de savoir si nous ne devons pas, par la pratique, faire retour sur le type de pensée qui est spontanément associé à cette activité par le langage, et modifier cette pensée. Est-ce qu'en faisant du jardin, nous avons réellement envie de mettre en oeuvre ce que nous promet ce monde toujours plus préoccupé par l'environnement ? Soyons un peu dialectique,et transformons par la pratique le concept qui nous y avait conduit.
Là où l'expérience fait défaut, il est très facile de la conditionner par la parole : et il est possible de dire que l'on assiste assez continuellement à une prolétarisation de l'expérience, c'est-à-dire à une substitution de ses moyens pour les remplacer par des produits.
Bref, ce qui justifierait une telle analyse, c'est la croissance constante des produits qui se vendent sous le titre de cette promesse : expérience. Un macaron, un baladeur, une télévision, un film, se vendent comme des expériences. L'occasion de l'expérience concrète du jardinage doit constituer pour nous une manière de faire retour sur les déterminations qui ont d'abord pesé sur nous. On essaie de chercher une autre raison d'aimer ce que nous faisons, que celle qui nous avait déjà été donnée, que celle sous laquelle on essaie généralement de nous vendre le produit jardin. Mais à qui est-ce que cette possibilité est encore laissée ? 
Voilà, nous voulions simplement présenter le problème que constitue le fait qu'il est aujourd'hui possible de faire croire que l'on se rapproche de la nature par ses achats. Mais le leurre ne tardera pas à apparaître comme tel, et la déception s'ensuivra. Et pour l'instant, nous essayons de comprendre quelque peu ce que cela signifie que l'expérience de la nature.

jeudi 26 mai 2011

Déjà au mois d'aout

On n'apprendra à personne qu'il fait chaud, puisque la France n'est nulle part épargnée. On en voit le signe à la recrudescence des festivités ; les gens sortent de plus en plus. Ce qui a conduit la municipalité, avec de jolies affiches, à exhorter ses sujets à veiller à la tranquillité des nuits. "Faire la fête sans faire trinquer les voisins", est approximativement le message de cette entreprise d'éducation populaire.  Et demain, que devra-t-on rappeler à la population, de si élémentaire, que l'on ait besoin d'affiches de cinq mètres sur trois ? "Eteindre son moteur quand on ne roule pas", par exemple, puisque c'est une pratique courante. Ne pas sortir en sous-vêtements (on n'en est pas loin). Rappeler aux cyclistes que le vélo implique un choix, c'est-à-dire de ne pas se prendre tantôt pour un piéton (véloce), tantôt pour une moto, tantôt pour une voiture, mais bien de se conformer à une règle unique, et non pas au bazard général. Ne pas prendre sa voiture pour aller acheter son pain. Et ainsi de suite.

Une fois parvenus à une telle situation, il n'est plus difficile d'envisager de faire la révolution tous les jours, puisque ce monde marche déjà sur la tête.

Revenons à notre jardin. Il obéit, lui, à une loi fort simple : quand on n'agrandit pas l'espace, pour accueillir plus de monde, on augmente la densité. Nous faisons donc dans la densité, plus proche de la démographie indienne que française. C'est peut-être que nous nous décentrons fortement, et nous faisons dans la culture exotique, puisqu'il y a même à présent un ananas, en plus des autres plantes d'asie orientale, et même du sud-ouest. On pourra nous qualifier d'hérétiques, pour avoir choisi de planter ces végétaux habitués à la mousson dans une contrée aux moyennes de précipitations plus modestes. 
Ce dont on doit conclure que même les donneurs de leçon ne sont pas à l'abri de leurs propres sarcasmes, puisqu'il eût été plus raisonnable de se prêter aux limites du terroir, quoiqu'il soit de toute façon difficile de trouver un végétal qui s'accomoderait sans troubles d'une moyenne bi-mensuelle de 2mm ; mais de là à aller planter des pastèques !
Encore un peu d'effort pour atteindre à la cohérence, mais en attendant, notre petit jardin est bien joli. Cette année, nous en profitons davantage. De petites salades, qui sont quand même d'une taille respectable pour des végétaux à qui l'on n'a rien donner à manger de plus que ce qu'ils peuvent déjà trouver dans le sol ; des fraises très substantielles ; des blettes pas encore bien grosses ; des haricots nains aux formes inhabituellement élégantes ; de la menthe glacialement fraiche ; des plans de tomates pleins de fleurs ; des courgettes, des piments, des concombres, tout cela en attente de fleurir. C'est bien beau, et bien bon.

jeudi 14 avril 2011

Campagne, urbanisme, leurre

En ce moment, une campagne municipale, et donc enthousiaste, vante les mérites de dix ans de travaux urbains, en comparant deux photographies de 2001 et de 2011, d'une part, des quais de Rhone, d'autre part, de la Duchère. Avec quelques photos, et quelques mots, on pave de bonnes intentions tous les chantiers du monde ; malheureusement, la plasitification du paysage ne se termine pas toujours aussi bien. Et ce n'est pas parce que, la prime à la casse aidant, des vieux modèles de voiture ont été remplacés par des neufs, ou par des vélos et du gazon, que tout va pour le mieux. On aurait aimé que le même travail de comparaison "objective" soit appliqué aux environs de l'Ecole Normale Supérieure qui, anciennement, n'avait pas encore trop honte de se dire Lettres et Sciences Humaines. Il suffirait pour cela de mettre en parallèle les friches d'il y a deux ans, et l'actuel chantier permanent. L'oeil curieux et imprécis de votre serviteur s'est appliqué à dénombrer une quinzaine d'immeubles rivalisant d'immondices. Le béton coule à flots ; si on veut encore s'étonner du magnifique jardin de l'école, il vaut mieux ne pas trop lever les yeux ; on croirait que les grues vont nous tomber dessus, ou déverser sur nous une sorte de mélange affreux ; on sait du béton par expérience qu'il ne tarde jamais à succéder au parler creux,  qui anime notre quotidien : optimisation, croissance, développement durable, responsabilité, ou Labex. Déjà, notre environnement intellectuel est passablement enlaidi. Il restait encore le jardin. Jusqu'à quand ? Si quelque chose s'étend, en ce moment, c'est bien ce que M. Lordon appelle en d'autres lieux "le domaine de la régression", puisque la réflexion elle-même en fait partie.
On pourrait faire un bilan tout à fait catastrophique de tout ce que le bati d'un immeuble engage : disparition irréversible de terres de qualité, qui partent au remblais pour remplir les poches du premier opportuniste qui aura décidé de s'approprier le terrain (généralement, une banque, et une entreprise de gestion des déchets, qui trouve du minerai pas cher) ; évidage des sols, pour pouvoir poser les fondations. La nappe en prend à chaque fois pour son compte. Ne parlons pas du paysage ; quelques pancartes fluorescentes essaient nous donner l'impression qu'une butte où quelques arbres chétifs qui se courrent après font un "espace vert".  En fait, cela fait réellement un espace vert, mais la question est : est-ce que c'est de ce genre de paysage assisté dont nous voulons ? Il y a quelques mois, on pouvait goûter au plaisir, assez simple, de se faire un bouquet de fleurs spontanées. Mais, on ne sait pas trop pourquoi, par une de ces lubies qui a moins de raisons que la plus stupide des croyances, les Responsables sont persuadés qu'il faut tout applatir. Ou l'on se doute, sans trop le vouloir tant les conséquences pour le peu d'illusions que l'on continue de vouloir entretenir à propos de notre monde sont moralement désastreuses, qu'il y a là derrière comme l'idée qu'un bouquet de fleur composé à l'humeur du passager ne se monnaie pas. La propagande sur les vertus thérapeutiques des plantes a un peu le même sens : on ne ferait pas tout ce bruit, si, à l'issue, il n'y avait pas du dentifrice, des médicaments et du shampoing. Comme quoi là aussi il faut regarder droit.
C'est sûr, il y a du vert : un stade de football, avec une pelouse en synthétique. Un petit espace enfant, avec des copeaux de bois. La nature est un bel écrin.On continuera d'entretenir un parc de 105 hectares comme une preuve, en effet irréfutable, qu'il y a du vert, que la nature est bien là. La question reste, de savoir si c'est bien de ce type de répartition de l'environnement auquel on aspire.

Jardiner dans ces conditions est à la fois gai et triste. On garde par-devers soi, l'impression désagréable que c'est plus un geste désespéré, destiné à retenir la progression des choses, qu'une activité qui regarde loin. Et difficile d'oublier tout cela, quand le fond sonore de notre semis, n'est plus celui du merle, mais celui de la grue.

Nous verrons bientôt la suite.

vendredi 11 mars 2011

Joncquilles au premier plan, crocus à l'arrière
Pâquerettes
Champ de crocus, Joncquilles en arrière-plan, pépinière en fond
Tulipe en devenir
Les plans de pomme de terre

samedi 5 mars 2011

Poussée de sève

De la décomposition millénaire des roches dans l'eau vient l'argile, puis de cette pourriture ancestrale, à laquelle s'ajoutent les apports séculaires de la matière organique, vivants produisant des déchets et le devenant eux-mêmes, à notre petite échelle saisonnière, une racine trouve les moyens de tirer des feuilles, et des fleurs ; on en prend avec soi, et dans une rencontre, le monde se redéploie, dans le creux d'une main, sur un sourire. C'est toute la systole et la diastole de l'univers, qui se contracte dans quelques pétales.
De petites surfaces de terre sont couvertes d'un pourpre vif, et des cœurs d'or sombre propulsent une odeur surnaturelle. Les premiers crocus offrent leur pistils oranges au soleil, pour se fermer aussitôt celui-ci disparu, ou simplement voilé. Les tulipes ont tissé leur feuille protectrice, où se forme déjà un puissant bouton. Les jonquilles s'apprêtent à exploser, les jacinthes sont en puissance, les iris bien gras ; le pied de consoude se verdit doucement.

Merci à toutes ces fleurs, et au poète pillé pour ces lignes.

mercredi 16 février 2011

jeudi 10 février 2011

Secondes premières violettes

Il y en eut une, au tout début du mois de janvier. Puis plus rien. Depuis quelques jours, des boutons déjà vieux d'un mois ont commencé de s'épanouir. Un soleil précieux darde en journée chaque après-midi depuis bientôt une semaine ; il encourage quelques débuts de fleurs, celles, au moins, pour lesquelles il n'est pas anormal qu'elles commencent à pousser en février. Ainsi crocus, jacinthes, tulipes, donnent des feuilles ; mais pas plus.  Patientons. Les iris sont encore timides. Leur première année sera probablement celle de leur aclimatation. Les rosiers ont l'air de n'être plus que matière. Le romarin fleurit, comme toujours.
Ce seront toutes nouvelles pour ce jour ; à très bientôt.